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chapitre treizième.

deux milles, pour gagner la rivière Newport. Ensuite, après l’avoir remontée pendant quatre milles, j’entrai dans le ruisseau Johnson, produit des rivières Newport, nord et sud.

Prenant le Newport du sud, ma petite embarcation descendit jusqu’à l’extrémité sud de l’île Sainte-Catherine et arriva au Sound du même nom ; là, franchissant une autre passe au coucher du soleil, j’atteignis enfin High-Point et l’île Sapelo.

Au milieu de grands arbres verts, une belle maison, qui faisait honneur au goût de celui qui l’avait construite, s’élevait noblement sur une haute colline. Ce n’était pourtant plus qu’un de ces nombreux monuments où sont ensevelies les espérances des temps passés. Le propriétaire, un homme du Nord, acheta après la guerre un tiers de l’île Sapelo, au prix de cinquante-cinq mille dollars en or. Il essaya, comme tant d’autres gens du Nord l’ont aussi tenté, de fournir à l’esclave de la veille l’occasion de montrer sa valeur et ce que, devenu affranchi, il pouvait produire. « Payez régulièrement au noir son salaire, traitez-le comme vous traiteriez un blanc, et il vous récompensera par son travail. » Ainsi pensait ce généreux colonel du Nord ; en conséquence, il fit construire une grande maison, conclut des traités avec ses affranchis, les payant pour leur travail, et les traitant comme des hommes. Le résultat de cette conduite produisit sa ruine, et cela tout simplement parce qu’il n’avait pas réfléchi que le noir n’était pas né libre, et que la démoralisation, conséquence de l’esclavage, pesait encore sur lui. Outre ces faits, nous