Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/314

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chapitre treizième.

l’assemblée religieuse des noirs. Une jeune négresse, toute couverte de rubans, interpella ainsi dans la rue un jeune homme de couleur, esprit fort : « Vous n’allez pas aux shoutings, Sam ? Pourquoi ? Vous ne m’avez jamais entendue chanter, mon cher ; on dit que je chante si bien ! » Quelques noirs réunis dans un petit hangar, et le prédicateur, un ancien affranchi, allait lire un hymne, lorsque nous entrâmes. Au début, les chants étaient piano et monotones, mais ils s’élevaient par degré à un haut diapason, à mesure que les noirs s’animaient. Les prières succédèrent aux cantiques. Alors, le prédicateur noir fit cesser le shouting, pour s’occuper de ce qu’il considérait comme d’un intérêt plus important, et il discourut sur les choses spirituelles et temporelles, à peu près ainsi :

« Maintenant, j’ai à vous dire quelque chose d’un haut intérêt. » En ce moment, deux jeunes noirs se levèrent pour quitter l’assemblée, mais ils furent tout de suite arrêtés par un nègre qui avait le dos appuyé contre la porte.

« Non, nom, reprit le prédicateur, on ne sort pas ainsi. Je connais ça. Personne ne doit quitter sa place avant que j’aie fini. Maintenant, asseyez-vous. Sachez que je suis ici pour prêcher l’Évangile sur toute l’île Doboy. Assez parler, le temps est venu de construire une église. Qu’est-ce que votre fierté ? Qu’en faites-vous ? Vous n’en avez pas ! Cette grange sera-t-elle donc toujours votre église ? Tenez, regardez cette chaire — un baril de farine et une chandelle plantée dans le goulot d’une bouteille. — C’est là la chaire de votre temple !