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EN CANOT DE PAPIER.

rée de chênes verts ; mais pour l’atteindre il me fallait abandonner mon canot, et essayer de passer à gué le marais. La marée montait rapidement, et il n’était pas impossible que je fusse dans la nécessité de traverser à la nage quelque ruisseau intérieur avant d’atteindre un terrain sec.

Je commençai par enfoncer une rame dans la vase du marais, puis j’amarrai mon canot, car je savais que tout le pays, à l’exception du petit tertre, serait bientôt sous l’eau à marée haute. Marchant dans la vase, je me frayai un chemin à travers les grandes herbes de la rive, où mes pieds s’embarrassaient souvent ; je sautai des fossés naturels, et lorsque je me trouvai enfin sur la terre ferme du plus grand de ces bouquets de bois, le Jointer, la voix de M. Williams résonna agréablement à mon oreille : « Mais d’où venez-vous ? me criait-il ; comment avez-vous fait pour traverser le marais ? »

Après avoir expliqué à toute la famille réunie autour de moi la situation critique du canot, nous nous assîmes à la table du souper. M. Williams paraissait particulièrement inquiet de savoir ce qu’était devenue la cargaison de mon bateau. « Les blaireaux éventeront vos provisions et mettront tout en pièces ; il faut aller tout de suite au canot. »

Pour retrouver la Maria-Theresa, nous fumes obligés de suivre un ruisseau qui côtoyait le petit tertre, vis-à-vis de l’endroit où j’avais débarqué, et de ramer encore deux ou trois milles sur le Jointer. À neuf heures nous arrivâmes à l’emplacement où j’avais laissé le canot de papier, mais tout avait changé d’aspect : le sol