Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
chapitre treizième.

et la rivière Brunswick, — de l’intéressante et ancienne ville de Brunswick (Géorgie).

Les rives vaseuses de ces bois étaient, par places, bordées d’un épais fouillis de roseaux, et je restai immobile sur mes rames, pour découvrir un lieu de débarquement. Un bruit, qui paraissait sortir des joncs, attira soudain mon attention : quelque animal s’agitait au milieu des herbes, et dans la direction du canot. Ma vue se porta d’abord sur les têtes des joncs, courbés, couchés, brisés, et mes oreilles tendues cherchaient à découvrir la cause du craquement qui se faisait dans les roseaux, à travers lesquels se mouvait cet animal inconnu. Ma curiosité fut bientôt satisfaite, car je vis sortir lentement du couvert un alligator presque aussi grand que mon canot. Sa tête n’était pas moins longue qu’un canon de fusil ; son épaisse carapace était toute gluante de vase, et ses yeux ternes étaient braqués droit sur moi. J’étais si surpris et si fasciné par l’apparition de ce monstrueux reptile, que je restai sans mouvement dans mon bateau, lorsque le monstre, après avoir réfléchi sans doute, plongea à quelques pas de moi.

Le bouquet de bois perdit tout aussitôt ses charmes, et je m’éloignai plus vite que je n’étais venu. Dans l’obscurité, je vis deux autres petits tertres, entre l’île Colonel et la rivière Brunswick, qui me paraissaient être à une courte distance du Jointer, et je suivis pendant un quart de mille le sinueux passage de l’un d’eux.

En forçant de rame, et en remontant un ruisseau étroit dans la direction du plus grand de ces tertres, mes yeux se réjouirent à la vue d’une petite maison entou-