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EN CANOT DE PAPIER.

mais séparé des bruits du monde. Il y avait sur cette propriété des orangers vieux de quarante ans, et tous en plein rapport. Près de la maison, jaillissait une belle source sulfureuse.

J’appris du propriétaire que pendant sa longue résidence dans cette charmante localité, il n’avait éprouvé qu’une seule attaque de fièvre. Il regardait le Sainte-Marie, à cause de la pureté de ses eaux, comme une des rivières les plus salubres du Sud. La descente de ce cours d’eau devenait un passe-temps de jour de fête. Quoiqu’il y eût peu de signes de la présence de l’homme, l’aspect général était tout à fait plaisant. J’avais dépassé quelques scieries, une briqueterie et une rizière abandonnée, lorsque les marais salins qui s’étendent dans la rivière, descendue des hauteurs couvertes de forêts, me révélèrent le voisinage de la mer. Sur le bord du fleuve, de grands alligators faisaient la sieste au soleil.

À la brune, je découvris la ville de Sainte-Marie dans toute l’opulence de sa verdure ; quelques instants après, le canot de papier était soigneusement déposé dans un hangar appartenant à un des habitants de la localité, tandis que des pratiques du pays m’assuraient que j’avais parcouru cent soixante-quinze milles de la rivière.

Un soir, pendant que je jouissais de l’hospitalité d M. Sisas Fordam à sa belle résidence d’hiver, Orange-Hall, située au centre de la ville de Sainte-Marie, je reçus une lettre signée de l’Honorable J. M. Arnow, maire de la ville, qui m’invitait au nom des autorités