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chapitre quinzième.

rives, et un peu plus loin ils se mêlaient à ceux de la mer.

Notre petite bande, fatiguée, débarqua sur un banc de coquilles et brûla une certaine étendue de gazon pour détruire les mouches de ces plages sablonneuses. Cela fait, l’un de nous construisit un grand feu de bivouac, tandis que d’autres étendaient les couvertures sur le sol. Près d’un buisson, je halai le fidèle compagnon de mon long voyage, près duquel je dormis pour la dernière fois, ne pensant pas, ne rêvant même pas qu’une année plus tard je visiterais encore l’embouchure du Suwanee, en venant de l’Ouest, après un long voyage de deux mille cinq cents milles depuis la rivière de l’Ohio, et que je pourrais encore chercher un abri sur ces rives. Ce fut une nuit de doux sommeil. Le feu de bivouac dissipa l’humidité, et le long exercice de la rame donna son prix au repos.

Une magnifique matinée nous égaya lorsque nous déjeunâmes sous l’ombre des palmiers nains de l’île. Derrière nous s’élevait la muraille compacte, vert sombre, des épaisses forêts, et le long de la côte, de l’est à l’ouest, aussi loin que l’œil pouvait atteindre, se développait le vert brun des savanes, contre lesquelles brisaient avec un doux murmure les vagues de cette mer que j’avais tant désiré atteindre. Sur les grands marais émergeaient de petits fonds, tout verts de pins et de palmiers nains, au feuillage léger comme la plume. Les nuages chargés d’humidité commençaient à s’élever, et tandis que je les suivais du regard, ils se dissipaient sous la chaleur des rayons du soleil du matin ; je les com-