Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
EN CANOT DE PAPIER.

caractérise les fleuves, dont les courants varient avec les vents et les marées ; un fleuve dont les eaux sont aussi salées que celles de la pleine mer.

On peut trouver à l’embouchure du fleuve, aux Bics, un mouillage sûr pour les navires ; mais en aval, dans l’estuaire, sur une distance de deux cent quarante-cinq milles environ, jusqu’à Gaspé, il n’existe qu’un seul port de refuge, celui des Sept-Îles, sur la côte nord. En remontant le fleuve, depuis les îles Bics jusqu’à Québec (distance 160 milles), on a à combattre un fort courant. Des îles pittoresques et de petits villages, tels que Saint-André, Sainte-Anne, Saint-Roch, Saint-Jean et Saint-Thomas, rompent la monotonie du paysage ; mais en hiver l’aspect du fleuve est très-différent quand il est fermé à la navigation par les glaces, depuis le mois de novembre jusqu’au printemps. De tous les affluents qui contribuent le plus à la puissance du Saint-Laurent et qui en augmentent les beautés, on cite le Saguenay et ses sites pittoresques, qui passent pour une des merveilles de notre continent. Il se réunit au grand fleuve sur la côte nord, à cent trente-quatre milles au-dessous de Québec. Sur la rive gauche, à son embouchure, on rencontre le petit village de Tadousac, résidence d’été du gouverneur général du Canada.

Dans l’histoire de l’Amérique, on réclame pour l’église catholique de ce village une ancienneté qui ne le cède qu’à celle de l’antique cathédrale espagnole de Saint-Augustin, dans la Floride. Pendant trois cents ans ses murs ont été battus par les tempêtes de l’hiver, et elle est pourtant restée un monument silencieux et éloquent