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chapitre premier.

à de longs intervalles sur la côte. Dans ces hameaux du Saint-Laurent et dans le bas Canada, on parle un patois inintelligible aux habitants de Londres ou de Paris ; ces villageois, descendants de colons français, n’ont pas de langue écrite et sont étrangers à toute espèce de littérature.

Jacques Cartier, ayant été commissionné par François Ier, roi de France, découvrit, lors de son premier voyage dans le nouveau monde, le golfe du Saint-Laurent. Au printemps de 1534, le jour même de la fête de saint Laurent, il entra dans le golfe et lui donna le nom du saint. Cartier ne pénétra pas plus loin dans l’ouest qu’au point de l’embouchure de l’estuaire, là où il est partagé en deux par l’île d’Anticosti. Ce fut seulement l’année suivante, dans son second voyage, qu’il explora le grand fleuve ; il a dit des rives désolées de la côte nord du Labrador, qu’ « on pourrait tout aussi bien les prendre pour le pays assigné par Dieu à Caïn ».

La distance de Québec au cap Gaspé, mesurée d’après la route qu’un bateau à vapeur est obligé de suivre, est de quatre cents milles légaux (1 609 mètres par mille). Le navire entre d’abord dans le courant du Saint-Laurent, aux deux îles de Bic, où le fleuve a une largeur d’environ vingt milles. Si le lecteur consulte le plus grand nombre des cartes, il reconnaîtra que les géographes portent le fleuve presque jusqu’à deux cents milles au delà du point où son cours ordinaire se fait sentir. En fait, ils y comprennent tout l’estuaire qui, par certains endroits, a presque cent milles de largeur, et ils l’appellent un fleuve — un fleuve qui manque de ce qui