Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
chapitre deuxième

à la ville de Sorel, où le paisible Richelieu se jette dans le Saint-Laurent.

Des deux itinéraires qui s’offraient à moi, je choisis celui du sud, réservant le second pour d’autres temps. J’avais devant moi un voyage d’environ deux mille cinq cents milles, comptés avec les sinuosités des rivières, les baies et les sounds. Mon intention était d’étudier les cours d’eau qui se réunissent les uns aux autres en avançant vers le sud, sans faire un seul portage jusqu’au cap Henlopen, pointe sablonneuse à l’entrée de la baie de la Delaware.

Après quelques petits portages d’un cours d’eau à l’autre, on arrive, en suivant l’intérieur de la côte de l’Atlantique, jusqu’à la rivière Sainte-Marie qui sépare la Géorgie de la Floride. De là, je me proposais de traverser la péninsule de la Floride depuis le sud de la Géorgie, en prenant la rivière Sainte-Marie, jusqu’au marais Okefenokee. Ensuite, par un dernier portage, je voulais me rendre à la rivière Suwanee, la descendre et atteindre le golfe du Mexique, qui devait marquer le terme de mon voyage.

J’avais appris par les plans, les cartes et les avis des personnes qui avaient longtemps pratiqué ces régions, que deux mille trois cents milles du voyage pouvaient se faire sur des eaux fermées, et qu’environ deux cents milles devaient se faire au large, sur l’océan Atlantique. Aujourd’hui, en écrivant ces lignes, je souris au souvenir des avis erronés que je reçus alors de mes amis ; car, tant que dura mon voyage, je ne me trouvai qu’une seule fois en pleine mer, et encore fut-ce par suite d’une