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EN CANOT DE PAPIER.

erreur, et seulement pendant quelques minutes. Si j’avais su alors que j’aurais pu faire toute la route dans un petit bateau en restant strictement sur les eaux intérieures, j’aurais ramé, depuis le bassin de Québec, dans le petit canot de papier que j’adoptai ensuite à Troy et qui me porta sain et sauf, pendant deux mille milles, jusque dans les eaux chaudes du golfe du Mexique.

Les conseils de vieux marins m’avaient fait adopter un grand bateau de bois, ponté, à clins, long de dix-huit pieds, large de quarante-cinq pouces, profond de vingt-quatre, lequel pesait avec rames, gouvernail, mât et voiles, environ trois cents livres. Le bateau était effilé à chacune de ses extrémités, et, depuis le milieu jusqu’à l’avant, comme depuis le milieu jusqu’à l’arrière, elles étaient complètement symétriques ; il avait la caractéristique essentielle des bateaux qui tiennent bien la mer, c’est-à-dire une tonture fortement accusée. Au milieu du pont se trouvait une petite chambre longue de six pieds qui était garnie d’hiloires élevées pour empêcher l’eau d’entrer dans l’intérieur. M. Lamson, le constructeur de ce bateau, s’était ingénié pour que le Mayeta pût aller à la voile et à la rame, combinaison très-compliquée et de celles qui, ordinairement, réussissent peu.

Le 4 juillet 1874, au matin, j’entrai dans le bassin de Québec avec mon canot de bois et mon matelot nommé David Bodfish, originaire du Nouveau Jersey. Après des semaines de préparatifs et de voyage ennuyeux par chemin de fer et par eau, grâce à la vapeur nous