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EN CANOT DE PAPIER.

sique, de nous servir de notre canot portatif ; je l’avais déjà plusieurs fois expérimenté comme tente et comme lit. Après avoir coupé des baguettes de bois vert pour en faire les membrures, les avoir garnies de notre toile et avoir renforcé celle-ci par d’autres branches qui formaient les plats-bords, il ne fallut pas grand’peine pour nous procurer des avirons rustiques, mais suffisants pour nos besoins. Le bateau se trouva construit en un instant, et il flotta bientôt, léger comme un bouchon. Les guides, qui n’avaient pas voulu croire que le petit sac qu’ils portaient le matin deviendrait un bateau, restèrent en extase. Bientôt nous glissâmes dans notre canot, du poids de dix livres, sur les eaux d’Ampersand. Pour les guides, c’était quelque chose d’extraordinaire ; ils ne pouvaient pas s’empêcher de rire en voyant qu’il était bien réellement sur l’eau, et ils montraient du doigt avec étonnement les vagues que l’on apercevait à travers la toile du canot et qui glissaient sur ses flancs. Je pus donc, grâce à mon sextant, à mes compas prismatiques et à mon canot, réussir à dresser une excellente carte. Puis nous parvînmes presque à nous emparer d’un cerf qui avait pris l’eau dans le lac, poursuivi par un chien qui chassait pour son propre compte. Ayant perdu la piste, le chien arrive au bord du lac, et comme nous désirions le remettre sur la voie, nous nous dirigeons de son côté ; il saute dans le canot avec un air de satisfaction telle qu’on pouvait croire qu’il n’avait jamais voyagé autrement. Dès qu’il a retrouvé la piste, il fait résonner les échos de la montagne de ses aboiements, et reprend la poursuite du cerf dans la forêt sauvage. Nous