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EN CANOT DE PAPIER.

pour aller voir ses alliés les Hurons, le Père Jogues et ses deux confrères, donnés par la mission, René Goupil et Guillaume Couture, plus un autre Français, furent faits prisonniers à l’extrémité ouest du lac Saint-Pierre par une bande d’Iroquois qui étaient en expédition de maraudage sur les bords de la rivière Mohawk, près du lieu où s’élève aujourd’hui la ville de Troy. Pendant la panique causée par une attaque soudaine des Iroquois, la portion non convertie des trente-six Hurons, alliés des Français, se sauva dans les bois, tandis que les convertis défendirent les blancs pendant un certain temps. Malheureusement, un renfort survenu à l’ennemi obligea ces derniers aussi à prendre la fuite, en laissant les Français et quelques-uns des Hurons entre les mains des sauvages. Cela se passait le 22 août 1642.

Suivant Francis Parkman, l’auteur des Jésuites dans l’Amérique du Nord, les sauvages mirent à la torture Jogues et ses compagnons après les avoir entièrement dépouillés de leurs vêtements, puis ils leur arrachèrent les ongles avec les dents et leur mordirent les doigts avec la fureur de bêtes sauvages. Les soixante-dix Iroquois revinrent dans le sud, en suivant le Richelieu, les lacs Champlain et George, en route pour les villages Mohawk. Rencontrant une troupe de deux cents hommes de leur tribu, sur une des îles du Champlain, les Indiens se formèrent en deux lignes parallèles entre lesquelles les prisonniers furent forcés de courir, au risque de leur vie, tandis que les sauvages les frappaient avec des massues et des branches d’épine. Le