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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/78

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chapitre quatrième

les événements de la campagne du Mayeta avec les fantaisies du Voyage au centre de la terre ; si bien que pour ses voisins le Saint-Laurent était devenu un lieu d’effroi et de mystère, tandis que les personnes les plus instruites parmi celles que Bodfish honorait de sa conversation, étaient fermement convaincues que le Mayeta n’a jamais existé tel qu’il était dépeint par l’imagination féconde de David Bodfish.

Le récit des aventures de M. Bodfish, racontées par lui-même, représente plusieurs millions de milles parcourus en canot. Il avait pénétré dans les régions de glace du Labrador, il avait daigné visiter le pôle nord, qui n’était, suivant lui, qu’une branche de bois de pitch-pine, élevée par les hydrographes pour gemmer les pins du pôle nord. Il accusait vivement les équipages des baleiniers d’avoir mutilé ce noble morceau de l’administration pour en faire du bois à brûler. Heureusement pour M. Bodfish les deux tiers de ses auditeurs n’avaient pas une idée très-exacte du pôle nord ; quelques-uns d’entre eux ignoraient même complètement son existence, si bien qu’ils acceptaient la partie fantastique et rejetaient la partie vraie de ses histoires.

Le Mayeta fut renvoyé au lac Saint-George pour n’en plus sortir. Deux ans après, son successeur, le canot de papier, un des plus heureux produits de M. Waters, de Troy, était tranquillement amarré auprès du Mayeta, et bientôt j’ajoutai à cette petite flotte un bateau de cèdre, un duck-boat, qui m’avait transporté dans un second voyage jusqu’à la grande mer du Sud, Ici, mouillés tranquillement sous les hautes falaises, bercés par les eaux