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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/77

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EN CANOT DE PAPIER.

quatrième jour, le Mayeta avait fini son service en arrivant à Albany, où, après un voyage de quatre cents milles, l’expérience m’avait appris que je pouvais voyager plus vite, avec un bateau plus léger, plus commodément et plus économiquement, sans avoir de compagnon

Le mois d’août venait de commencer, et le délai que pourrait exiger la construction d’un nouveau bateau, fait spécialement pour un voyage de deux mille milles, n’était pas du temps absolument perdu. En attendant quelques semaines, on donnait à la malaria le temps de disparaître devant les gelées de l’automne, sur les rivières du New-Jersey, du Delaware et du Maryland, et même encore un peu plus loin dans le sud.

David retourna chez lui, au New-Jersey, le plus heureux des hommes, avec toute l’importance qui appartient à un grand voyageur. Pour ma part, j’avais contribué à lui donner le goût du merveilleux en lui lisant le soir, dans nos campements solitaires, le charmant livre de Jules Verne : le Voyage au centre de la terre. Il était ravi de toutes ces étonnantes fictions qu’il préférait toujours à la vérité. Un jour, sa crédulité fut tellement excitée qu’il s’écria : « Comment font ces hommes pour apprendre à si bien mentir ? Est-ce un don de nature ou la conséquence de l’éducation ?

Depuis, j’ai su que lorsque M. Bodfish arriva dans les régions de bois de pins du New-Jersey, il raconta ses aventures « dans les pays étrangers », c’est ainsi qu’il désignait le Canada, et que dans son récit il entremêlait