Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
GRÉCO-LATINES


Le Diable partit, et le seigneur demeura seul, prisonnier dans sa tour, en Terre-Sainte.

Pendant un an, les trois frères menèrent la même vie, sans que la dame et son fils trouvassent ni un parent ni un ami pour les défendre. Nuit et jour, ces gueux faisaient ripaille au château, et vendaient les récoltes, pour jouer l’argent.

Quand il y eut juste six ans, depuis le départ du seigneur, les trois frères dirent à sa femme :

— « Madame, le temps de votre deuil est fini. Il faut que vous épousiez l’un de nous trois.

— Messieurs, j’ai choisi mon mari entre vous trois. Mais je ne le nommerai qu’au moment de partir pour l’église. Donnez-moi encore un an, pour coudre ma robe de noces. »

Le Diable était caché dans la chambre de la dame. Cent fois plus vite qu’un éclair, il s’en alla trouver le seigneur, prisonnier dans sa tour, en Terre-Sainte.

— « Écoute. Les trois frères mènent toujours la même vie, sans que ta femme et ton fils aient trouvé ni un parent ni un ami pour les défendre. Nuit et jour, ces gueux font ripaille au château, et vendent les récoltes pour jouer l’argent. Dis : « Mon Diable, je suis à toi, » et je te porte, en trois jours, à cent pas de ton château.

— Diable, tu me demandes trop cher. »