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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/110

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TRADITIONS


part du seigneur, les trois frères dirent à sa femme :

— « Madame, voilà cinq ans que votre mari est parti pour la Terre-Sainte. Certainement, il est mort. Si vous tenez à vivre, vous et votre fils, il faut que vous épousiez l’un de nous trois.

— Messieurs, puisque mon mari est mort, je vais m’habiller de noir. Tout un an, je porterai le deuil de mon pauvre ami, et je prierai Dieu pour son âme. Cela fait, je choisirai mon mari entre vous trois. »

Le Diable était caché dans la chambre de la dame. Cent fois plus vite qu’un éclair, il alla trouver le seigneur, prisonnier dans sa tour, en Terre-Sainte.

— « Écoute. Trois frères, forts comme des taureaux, et méchants comme l’enfer, trois frères se sont faits maîtres chez toi, sans que ni ta femme ni ton fils aient trouvé ni un parent, ni un ami pour les défendre. Nuit et jour, ces gueux font ripaille au château, et vendent les récoltes, pour jouer l’argent. Ta femme leur a dit, il y a trois jours : « Dans un an, je choisirai mon mari entre vous trois. » Voilà ce qui se passe chez toi. Donne-moi une goutte de ton sang, et je te porte, en trois jours, à cent pas de ton château.

— Diable, tu me demandes trop cher. »