Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
CHÂTIMENTS


— « Pauvres enfants, dit-elle, on va donc vous jeter dans la mer grande. Bientôt, vous serez en paradis. Vous y prierez le Bon Dieu, pour votre père et pour votre mère. »

Alors, la pauvre femme baptisa les deux jumeaux, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit. Elle leur donna la mamelle, encore une fois, les peigna avec un peigne d’or, les habilla d’une belle petite robe blanche, et les coucha dans le même berceau, en les recommandant au Bon Dieu et à la sainte Vierge Marie.

— « Allons, dit la mère du roi, voici le moment d’obéir au maître. Donne tes enfants à ce marinier, pour qu’il aille les noyer dans la mer grande. »

Le marinier prit le berceau, et s’en alla loin, bien loin, le jeter dans la mer grande. Sept jours après, le roi revint de la guerre, et dit :

— « Mère, je veux voir le chien et le chat que ma femme a faits.

— Ta femme n’a fait ni chien ni chat. Elle a fait deux jumeaux, un garçon et une fille, beaux comme le jour, et qui avaient des chaînes d’or entre peau et chair. Mais la gueuse a commandé, il y a sept jours, de les jeter dans la mer grande. »

Alors, le roi devint tout bleu de colère. Il manda sur-le-champ le bourreau et ses deux valets.