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ET VENGEANCES


— « Mère, vous êtes coupable. Le bourreau et ses valets vont vous donner chacun cent coups de fouet. Cela fait, vous serez décapitée. »

Alors, le peuple cria :

— « Le fils ne doit pas juger sa mère à mort.

— Taisez-vous. C’est moi qui commande. »

Le roi regardait avec des yeux si courroucés, que chacun se tut et trembla de peur.

— « Gens du pays, écoutez. — J’ai jugé ma mère à mort, parce qu’elle l’a mérité. Maintenant, je lui dis : « Mère, je vous pardonne. Allez dans un couvent, pleurer vos péchés, jusqu’à l’heure de la mort. »

La mère du roi partit. Alors, le peuple cria :

— « Le roi a pardonné, parce que c’était sa mère.

— Taisez-vous. C’est moi qui commande. Vous allez voir quelque chose qui en vaut la peine. »

Alors, le roi ôta son épée, jeta son chapeau, son habit et sa chemise, et parut nu jusqu’à la ceinture. Il avait l’air si triste, si triste, que chacun prenait pitié de lui. Pourtant il ne pleurait pas, parce qu’un homme ne doit pas pleurer, surtout quand il commande, et quand il est devant le monde.

— « Gens du pays, écoutez. — J’ai jugé ma mère à mort, parce qu’elle l’a mérité. Je lui ai pardonné, parce que cela m’a plu, et parce que je suis le maître. La peine que j’ai ordonnée,