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CHÂTIMENTS


jour à ton cou. Ce que je veux, bandit. Je veux délivrer mon pauvre père, enchaîné dans sa tour. Hardi ! Dégaine. Faisons bataille. »

Les cavaliers partirent au grand galop. Du premier coup d’épée, le capitaine coucha son ennemi mort sur le pont. Alors, il mit pied à terre, et saisit la clef d’or, la clef d’or unique au monde, qui nuit et jour pendait au cou du mari. Cela fait, il enleva la carcasse comme une plume, et la lança dans la rivière large et profonde.

— « Tenez, poissons. Faites bonne chère, avec la carcasse de ce brigand. »

Le capitaine sauta sur sa bête, et repartit au galop, emmenant, par la bride, le grand cheval blanc de son ennemi. Le même soir, une heure avant le coucher du soleil, il ouvrait la porte de fer de la tour avec la clef d’or, avec la clef d’or unique au monde qu’il avait saisie pendue au cou du mari.

En entrant, il salua jusqu’à terre.

— « Bonjour, roi. Ceux qui vous tenaient ici prisonnier, ont fini de mal faire. Attendez, que je rompe votre grosse chaîne de fer.

— Mon ami, ma grosse chaîne de fer est trop forte. Jamais tu ne la rompras.

— Roi, patience. Vous allez voir. »

Le capitaine était fort comme pas un. Dans ses mains, la grosse chaîne de fer se rompit, comme un lien de paille.