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ET VENGEANCES


habits, et ne garda que son épée. Cela fait, il acheta des hardes, et une besace de pauvre. Il acheta aussi un voile noir, percé de trois trous, deux pour les yeux, et un pour la bouche. Puis il entra dans une église, et s’en alla trouver le curé.

— « Bonjour, curé.

— Bonjour, pauvre. Que me veux-tu ?

— Curé, ce que je vais te dire est secret de confession. Curé, je suis d’un grand sang. Pourtant, je ne te nommerai pas mon père et ma mère, car je ne veux pas leur faire honte. Curé, jusqu’à l’âge de dix-sept ans, j’ai mené bonne vie. Alors, les mauvaises compagnies m’ont perdu. Je suis devenu joueur, ivrogne, méchant, libertin. Mais, par mon âme, j’ai fini de mal faire, et je tâcherai de le prouver. Tiens, curé. Voici de l’or et de l’argent. Tu les donneras aux pauvres. Voici mon épée et un voile noir. Cache-les sous le maître-autel de ton église, et rends-les-moi quand je viendrai te les demander.

— Pauvre, je ferai comme tu as dit. »

Le fils du roi partit. Pendant sept semaines, il marcha, du lever au coucher du soleil, vivant d’aumônes, couchant dans les étables, pour l’amour de Dieu. Un soir, il s’arrêta sur le seuil d’une métairie.

— « Bonsoir, braves gens. Métayer, n’aurais-tu pas besoin d’un valet ?