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CHÂTIMENTS


— « Je suis l’Oiseau d’Or, l’oiseau couleur du soleil, l’oiseau qui parle et raisonne comme un chrétien. Je suis l’Oiseau d’Or, qui vivra jusqu’au jour du jugement, si je trouve, tous les cent ans, à boire une pinte du sang d’un fils de roi. Porcher, il y aura demain cent ans que je n’ai bu. Porcher, je sais qui tu es. Assiste-moi d’une pinte de ton sang.

— Oiseau d’Or, vole à terre. »

L’Oiseau d’Or obéit. Alors, le fils du roi tira son couteau, et piqua son bras. Le sang coulait, rouge et chaud, et l’Oiseau d’Or buvait à la régalade.

— « Porcher, merci. En voilà pour cent ans. Porcher, tu m’as fait un grand service, et j’entends te le payer. Écoute. Arrache une plume de mon aile, et cache-la dans la doublure de ton béret. Si tu mets cette plume dans ta bouche, aussitôt tu seras changé en Oiseau d’Or comme moi. Tu voleras où tu voudras, aussi vite qu’un éclair. Si tu craches cette plume, aussitôt tu redeviendras un homme. Mais alors, mon présent aura perdu tout pouvoir. Porcher, tu m’as fait un grand service. Je t’ai payé. Nous sommes quittes. Adieu. Tu ne me reverras jamais, jamais. »

Et l’Oiseau d’Or s’envola, du côté de la mer grande.

Le soir, à souper, le métayer, qui revenait de la foire, devisait ce qu’il y avait vu et entendu.