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ET VENGEANCES


— « Porcher, il se passe de tristes choses en France. Un Serpent-Volant est venu, pour la perdition de ce pays, un Serpent-Volant couronné d’or, et long de cent toises. Nuit et jour, le gueux court la campagne, et mange les bêtes et les gens. On dit que le vieux roi de France en meurt de peine. Qu’y faire ? À batailler contre la male bête, bien des hommes, bien des hommes forts et hardis sont morts. Mais il faut frapper au cœur, et les armes ne peuvent rien sur la peau du Serpent-Volant couronné d’or. »

Le fils du roi faisait semblant d’écouter par complaisance. Pourtant, il ne perdait pas un mot. L’heure du coucher venue, il s’en alla dans son lit ; mais il pensa toute la nuit à ce qu’avait dit le métayer.

Le lendemain, le fils du roi était debout, avant la pointe de l’aube.

— « Adieu, maître. Je pars pour un grand voyage.

— Porcher, voici ce que je te dois. Séparons-nous bons amis. Pars, et que le Bon Dieu te conduise. Si tu veux retourner ici, tu seras toujours le bien reçu.

— Merci, maître. Garde cet argent. Si je ne reviens pas dans sept mois, compte que je serai mort. Alors, dépense une moitié de mes gages en aumônes, et l’autre à me faire dire des messes.