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CHÂTIMENTS ET VENGEANCES


affaire à lui. Le Forgeron était sans pareil pour travailler le fer, aussi bien que l’or et l’argent. L’ouvrage tombait chez lui comme grêle. Il donnait ordre à tout, sans autre aide qu’un loup noir, grand comme un cheval. Nuit et jour, ce loup vivait enfermé dans la roue qui faisait marcher le soufflet de forge. Sept jeunes gens s’étaient présentés au maître, pour apprendre le métier. Mais les épreuves étaient si fortes, si fortes, qu’ils en étaient morts dans les trois jours.

En ce temps-là, vivait au hameau de La Côte[1] une pauvre veuve, qui demeurait seule avec son fils dans sa maisonnette. Quand le garçon eut atteint l’âge de quatorze ans, il dit un soir à sa mère :

— « Mère, nous nous tuons tous deux à la peine, sans même gagner de quoi vivre. Demain, j’irai trouver le Forgeron du Pont-de-Pîle, et je serai son apprenti.

— Mon ami, cet homme-là ne met jamais le pied dans une église, et il mange de la viande en tout temps, même le Vendredi saint. On dit qu’il n’est pas de la race des chrétiens.

— Mère, le Forgeron du Pont-de-Pîle ne me gagnera pas au mal.

— Mon ami, sept jeunes gens se sont présentés

  1. Situé entre Lectoure et le Pont-de-Pîle.