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CHÂTIMENTS


maîtresse, je ferai pour elle un collier qui n’aura pas son pareil.

— Apprenti, bel Apprenti, comment sera ce collier d’or, qui n’aura pas son pareil ? Dis-le-moi.

— Pour ma maîtresse, petite Demoiselle, je ferai un collier d’or, un beau collier d’or jaune et brillant comme le soleil. Ce collier, je le sortirai brûlant de la forge rouge, et je le tremperai dans une jatte de mon sang. Quand la trempe sera bonne, je le rejetterai dans la forge rouge, pendant que ma maîtresse se mettra nue jusqu’à la ceinture. Alors, je lui passerai le beau collier d’or autour du cou, et il fera corps avec la chair, si bien que ni Dieu ni Diable ne seront en état de l’en arracher. Par la vertu de ce beau collier d’or, ma maîtresse n’appartiendra, et ne pensera qu’à moi. Tant que je serai heureux, le beau collier d’or restera jaune. Mais si le malheur est sur moi, il deviendra rouge comme le sang. Alors, ma maîtresse aura trois jours pour se préparer. Elle dira à ses parents : « Je vais mourir. Enterrez-moi dans une robe de mariée, avec le voile et la couronne de fleurs d’oranger sur la tête, avec un bouquet de roses blanches à la ceinture. » Le troisième jour, elle s’endormira. Tout le monde la croira morte. Alors, on l’enterrera ainsi vêtue, et elle vivra toujours, toujours endormie, tant