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CHÂTIMENTS


aviez une fille cadette, une petite Demoiselle de treize ans. Maintenant, elle doit être mariée à quelque prince.

— Apprenti, notre fille cadette est au ciel. Voilà sept ans passés que le Bon Dieu nous l’a prise. Nous l’avons enterrée, comme elle avait dit, dans une robe de mariée, avec le voile et la couronne de fleurs d’oranger sur la tête, et le bouquet de roses blanches à la ceinture.

— Marquis et marquise de Fimarcon, jurez par vos âmes, et à peine de damnation, que vous me donnerez votre fille cadette en mariage, si je vous la rends vivante.

— Par nos âmes, et à peine de damnation.

— Marquis et marquise de Fimarcon, mandez vite le curé. Moi, je vais chercher votre fille. »

L’Apprenti ramena la petite Demoiselle. On les maria le matin même, et la noce dura quinze jours. L’Apprenti et sa femme vécurent longtemps heureux, et il eurent douze garçons. L’aîné était le plus fort et le plus beau de tous. Mais il avait le ventre couvert d’un pelage fin, doux et jaune, comme celui de la loutre. Cela venait de ce que, le premier jour de la noce, son père avait mangé, cuite sur le gril, la peau du Forgeron du Pont-de-Pîle [1].

  1. Raconté par trois personnes décédées : Pierre Laterrade,