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LES BELLES PERSÉCUTÉES


table, et deux lits prêts, avec des draps blancs comme neige. Pourtant, il n’y avait personne au château.

La Fleur s’attabla, soupa de bon appétit, et s’alla coucher. Son valet en fit autant. Au lever du soleil, tous deux étaient debout, et devisaient sous un laurier, dans le grand parterre plein de beaux arbres et de jolies fleurs. Tout-à-coup, le maître entendit des plaintes sortir de terre.

— « Ah ! ah ! ah !

— Entends-tu, valet ? dit La Fleur.

— Non, mon capitaine. Je n’entends rien.

— Ah ! ah ! ah !

— Que me voulez-vous ? répondit le capitaine.

— La Fleur, je suis ta Princesse. Voilà sept ans passés qu’un méchant homme m’a enterrée toute vive. Pour me délivrer, tu souffriras, pendant trois nuits, mort et passion. Souffre et ne dis rien. Si tu pousses un seul cri, je suis perdue pour toujours.

— Princesse, vous serez obéie. »

Le soir venu, La Fleur et son valet soupèrent de bonne heure, et allèrent se coucher. Sur le premier coup de dix heures, le capitaine entendit un grand bruit. Le méchant homme, qui avait enterré la Princesse toute vive sous le laurier, arrivait avec ses gens.

— « Allons, mes amis, prenez ce rien qui