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LES BELLES PERSÉCUTÉES


vaille. Jusqu’au premier chant du coq, traînez-le, par les cheveux, dans les escaliers du château. Nous verrons bien s’il souffrira sans rien dire, et sans pousser un seul cri. »

Du premier coup de dix heures au premier chant du coq, les gens du méchant homme firent comme il avait commandé. Mais La Fleur souffrit sans rien dire, et sans pousser un seul cri. Au lever du soleil, son valet le trouva presque mort sur le lit.

— « Mon capitaine, qu’avez-vous ?

— Je n’en puis plus. N’as-tu rien entendu, cette nuit ?

— Rien, mon capitaine.

— Cherche de quoi me soulager. »

Le valet obéit. Sur la cheminée, il trouva un pot d’onguent, et en frotta son maître de la tête aux pieds. Cinq minutes après, le capitaine était frais et gaillard comme pas un. Tous deux descendirent dans le parterre plein de beaux arbres et de jolies fleurs. Sous le laurier, la Princesse était sortie de terre jusqu’aux épaules.

— « Merci, La Fleur. Tu as passé une triste nuit. Bientôt tu souffriras davantage. Souffre, et ne dis rien. Si tu pousses un seul cri, je suis perdue pour toujours.

— Princesse, vous serez obéie. »

Tous deux rentrèrent au château.