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LES BELLES PERSÉCUTÉES


La chambrette fermée, la Dame et la jolie Bergerctte fourbirent la tache de sang jusqu’au coucher du soleil. Elles la fourbirent avec du vinaigre et du sel, avec des cendres chaudes, avec de la prêle[1]. Rien n’y fit. Plus les deux malheureuses frottaient, plus la tache de sang se montrait en rouge sur le fer.

Enfin, la petite clef parla.

— « Frottez, femmes. Certes, vous pouvez bien frotter. Ma tache de sang ne partira jamais, jamais. Dans sept jours, Barbe-Bleue sera de retour. »

Alors, la jolie Bergerette dit à sa maîtresse :

— « Madame, le bon moment est venu de dépêcher le geai parlant. — Cac cac cac. »

À ce cri, le geai parlant entra par la fenêtre.

— « Cac cac cac. Jolie Bergerette, que me veux-tu ?

— Geai parlant, pars pour l’étranger. Pars pour l’armée du Roi de France. Là, tu diras aux deux frères de ma maîtresse : « Vite, vite, courez au secours de votre sœur, prisonnière au château de Barbe-Bleue. »

Dans la nuit noire, le geai parlant partit à

  1. En gascon brego-coupo, parce que la prêle, qui contient de la silice, sert à nos paysans pour nettoyer leurs ustensiles d’étain.