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AVENTURES PÉRILLEUSES


tout le peuple doit prendre le deuil. Pourtant, le roi de France a encore un bâtard, qui s’en est allé on ne sait où. Ce bâtard ne sera reconnu pour héritier de son père que lorsqu’il aura tranché le vent en deux, et prouvé qu’il est de sang royal.

— Bon ! pensa le Bâtard. Le grand aigle ne m’a pas menti. »

Aussitôt, il se remit en route, marchant nuit et jour, pour revoir plus tôt la demoiselle. Enfin, le soir de la Toussaint, il arriva tout proche de son pays. Par malheur, il faisait déjà noir, et d'épaisses brumes couvraient toute la campagne. Le Bâtard perdit son chemin, et il le chercha longtemps, longtemps, sans jamais rencontrer ni une maison ni un homme. À minuit, il arriva devant la porte d’un cimetière perdu dans les champs, avec une église au milieu. C’était l’église de La Roumiouac, qui appartenait aux Maltais[1].

— « Bon ! pensa le Bâtard. Voici du moins un abri. »

Il entra sans peur ni crainte. L’autel était préparé, et les cierges allumés, comme pour dire la messe. Pourtant, il n’y avait personne dans l’église. Enfin, une pierre du pavé se leva. Un

  1. Cette église appartenait, en effet, à l’ordre de Malte.