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AVENTURES PÉRILLEUSES


vieux prêtre mort sortit de terre, avec l’aube et la chasuble, et s’avança jusqu’au pied de l’autel.

— « Y a-t-il ici quelqu’un pour me servir la messe ?

— Il y a moi, dit le Bâtard.

— Mon ami, il y a bien longtemps que je t’attendais. Quand j’étais vivant, une veuve me donna l’argent de cent messes, à l’intention de son pauvre mari. J’en avais une encore à dire quand je suis mort. Voilà pourquoi Notre-Seigneur m’a condamné à n’entrer en paradis que lorsque je serais quitte. Depuis trois cents ans, je me lève chaque nuit, et j’appelle un clerc. Enfin, il en est venu un, et bientôt je serai tiré du purgatoire. Mon ami, confesse-toi, et sers-moi la messe. Ainsi, tu gagneras la communion. »

Le Bâtard s’agenouilla, se confessa, et servit la messe. Au moment de lui donner la communion, le vieux prêtre mort regarda la langue de son clerc, et se troubla. Pourtant, il continua jusqu’au dernier évangile. Cela fait, il dit au Bâtard :

— « Mon ami, tu as une fleur-de-lys d’or marquée sur ta langue. C’est la preuve que tu es du sang des rois de France. Le jour viendra, sans tarder, où tu seras roi toi-même ; mais tu n’es pas au bout de tes épreuves. Adieu. Tu trouveras, cachée derrière cet autel, une vieille épée de chevalier maltais, qui n’a pas sa pareille