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XXXI
PRÉFACE


ler quelques exceptions. Mais cela n’empêche pas que c’est principalement parmi ceux qui ne savent pas lire, qu’il faut chercher les vrais témoins ; car ceux-là ne comptent pas sur ce que Montaigne appelle « une mémoire de papier. »

Au début de mes recherches, j’étais tombé, comme beaucoup de mes confrères, sur une classe de conteurs, qui sont assurément les plus nombreux, mais qui ne méritent qu’une confiance fort restreinte. Pour eux, l’intégrité du récit n’est sauvegardée par aucune forme sacramentelle. Peu soucieux du style, et préoccupés surtout des idées et des faits, ils sont toujours longs, diffus, et tout à fait incapables de recommencer leur narration dans les mêmes termes. Ce sont là des guides très dangereux, bons tout au plus à mettre sur la trace de narrations plus sobres et plus exactes. Ceux qui les possèdent, marchent au but par la voie la plus brève. Si on les prie de recommencer, chacun d’eux le fait constamment dans les mêmes termes. Quand on leur fait traiter séparément le même thème, on ne relève, dans les faits, qu’un petit nombre de variantes, et on constate, dans le style, de nombreuses similitudes.

À ce propos, une réflexion à la fois applicable à certains de mes confrères, qui ont déjà exploré mon propre domaine, comme à plusieurs autres, qui ont opéré dans d’autres parties de la France.

Il m’est plusieurs fois arrivé de rencontrer, en