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XXXIII
PRÉFACE


venirs. Entêtée, d’ailleurs, et capricieuse, comme toutes les servantes de curés, ne parlant qu’à ses heures, et niant savoir, sauf à se rétracter plus tard, ce qu’il ne lui plaît pas actuellement de conter.

Pauline Lacaze, de Panassac (Gers), s’achemine vers la soixantaine. Je n’ai pas trouvé d’auxiliaire plus docile à me dicter, en toute probité, ce qu’elle savait, plus active à chercher pour moi d’autres narrateurs.

Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune de Cauzac, canton de Beauville (Lot-et-Garonne), aura tantôt quarante ans. Je l’ai connue jeune, simple, naïve. De ses lèvres, les beaux contes s’échappaient alors, dans leur clarté virginale, dans leur allure fière et rythmique. À courir le monde, Catherine devait perdre le plus précieux de ses dons. Chez elle, le souvenir des faits vit toujours ; mais, avec les croyances premières, la belle forme s’en est allée pour jamais.

Pendant quinze ans, Cadette Saint-Avit, de Cazeneuve, commune du Castéra-Lectourois (Gers), fut ma fidèle et digne servante. C’était une fille pâle, un peu maladive, d’éducation tout à fait rustique, un grand cœur, plein de foi, d’espérance, de charité. Jusqu’à sa mort, advenue à près de cinquante ans, Cadette garda ce respect inviolé, ce profond sentiment des traditions populaires, dont j’ai recueilli l’héritage. Et maintenant elle dort, non loin de mon père