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CONTES MYSTIQUES

Le meunier, sa femme, sa fille, et le beau garçon obéirent. À chaque coup de bâton, un double louis d’or tombait du cul de Cagolouidors.

— « Hardi ! mes amis. »

Enfin, Cagolouidors ne chia plus. Alors, Jean du Ramier le détacha du pilier.

— « Décampe, bandit. Tu n’as plus rien dans le ventre, et tu as perdu le pouvoir de mal faire. Et vous, mes amis, ramassez tous ces doubles louis d’or. C’est pour la petite meunière. Pas plus tard que demain, j’entends qu’elle épouse ce beau garçon. »

Ce qui fut dit fut fait. Après la noce, Jean du Ramier prit sa besace et son bâton.

— « Adieu, mes amis. Vivez riches, heureux, et contents. Moi, je pars. J’ai des affaires ailleurs. »

Et Jean du Ramier partit. On ne l’a revu jamais, jamais [1].

  1. Dicté par un des anciens métayers de ma famille, Blaise Sans, propriétaire au Bourdieu, commune de Lectoure (Gers), alors âgé d’environ soixante-huit ans. J’estime que ce brave homme m’a donné la meilleure leçon de ce conte, assez répandu dans la Gascogne et l’Agenais. Dans mon enfance, ma grand’mère paternelle, née Marie de Lacaze, m’a fait plus d’une fois une narration similaire. Je me souviens cependant qu’elle substituait au nom de Jean du Ramier celui de Jean de Montastruc, commune du canton de Fleurance (Gers). Marie Vidal, de Valence-d’Agen (Tarn-et-Garonne), m’a fourni un conte