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CONTES DIVERS

À l’insu de la Belle Madeleine, elle écrivit un jour au marquis :

— « Ta femme est une coquine. Elle court après les galants. Elle ne soigne pas tes deux filles, et les fait pleurer vingt fois par jour. »

Le marquis répondit secrètement à sa mère :

— « Mère, patience. Soignez mes deux filles. Soignez-les bien. La guerre va finir. Comptez qu’à mon retour, ma coquine de femme et ses galants passeront un mauvais quart-d’heure. »

Mais un jour, le marquis écrivit :

— « Mère, la guerre est finie. Dans sept semaines, je serai de retour au château. »

Alors, la marquise pensa :

— « Voici le bon moment pour brouiller mon fils à mort avec sa coquine de femme. »

Cela pensé, la marquise appela la Belle Madeleine, ses deux filles, et un valet qui ne valait pas grand argent.

— « Écoute, souillon. Écoute cette lettre de ton mari ; mais tu ne la liras pas. Ton mari m’écrit : « Ma femme est une coquine. Elle court après les galants. Qui me prouve que ses deux filles sont de moi ? Mère, faites scier les deux bras à cette vaurienne. Puis, jetez-la dehors, et ses deux bâtardes avec elle. » — Valet, tu as entendu. Obéis. »

La Belle Madeleine se soumit comme une