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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/140

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CONTES MYSTIQUES

j’entends qu’ici vous soyez toujours maîtresse. Femme, j’entends que tu sois toujours la première servante de ma mère.

— Marquis, vous serez obéi. « 

Une heure après, le marquis était parti pour la guerre, monté sur son grand cheval noir.

La Belle Madeleine n’oublia pas sa promesse. Elle soigna bien ses deux filles. La marquise fut toujours maîtresse au château. La Belle Madeleine fut sa première servante.

Pendant sept ans, le marquis donna souvent de ses nouvelles. La guerre durait encore.

Les deux sœurs jumelles étaient toujours jolies, jolies comme des cœurs, sages comme de petites saintes. Vingt fois par jour, la marquise les faisait pleurer. Mais la Belle Madeleine les soignait. Déjà, les pauvres enfants savaient réciter par cœur leurs prières et leur catéchisme. Avec leur mère, elles apprenaient à lire, à coudre, à filer.

Dans toutes ses lettres, le marquis ne manquait jamais de marquer :

— « Soignez mes deux filles. Soignez-les bien. Mère, j’entends que vous soyez toujours maîtresse. Femme, j’entends que tu sois toujours la première servante de ma mère. »

Pourtant, la marquise haïssait sa bru de tout son cœur, et préparait le bon moment pour la brouiller à mort avec son mari.