Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
SUPERSTITIONS

exemple sur ma propre fille. Avant peu, les autres chrétiens y passeront. »

Alors, Caprais parla.

— « Chef des juifs et des païens, je suis chrétien comme ta fille. Fais de moi ce que tu voudras.

— Bourreau, coupe la tête à ce bandit. »

Le bourreau et ses valets obéirent. Ils amenèrent Caprais sur la place Caillives[1], lui coupèrent la tête, la prirent par les cheveux, et la jetèrent dans un puits, creusé juste à l’endroit où vous voyez maintenant une pompe entre quatre bornes.

De la fenêtre d’une auberge, trois ouvriers regardaient.

Cette auberge appartient maintenant à Couleau.

Son travail fini, le bourreau partit avec ses valets. Alors, les chrétiens prirent le corps de saint Caprais, et l’emportèrent secrètement au Martrou, entre les églises de Saint-Caprais et de Sainte-Foi, juste à l’endroit où l’on a bâti depuis la chapelle des Pénitents gris. Le Martrou contenait aussi les reliques de beaucoup d’autres saints et martyrs[2], qui maintenant reposent dans les églises et les nouveaux cimetières.

  1. Place de la ville d’Agen, s’ouvrant par une ruelle sur la rue Molinier.
  2. Le Martrou est, en effet, une crypte fort ancienne ; mais aucun indice archéologique ne permet de la dater exactement.