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LE BON DIEU, LA VIERGE, LES SAINTS

ville d’Agen, juste à l’endroit où l’on a bâti plus tard l’Ermitage[1].

Caprais ne pouvait revenir de tant de courage et pensait :

— « Mon Dieu ! Cette fillette de quinze ans chante, en cuisant à petit feu. Et moi, un homme, je crève de peur, et je me cache dans ces rochers, comme un grand lâche que je suis. Mon Dieu, si je dois mourir comme Foi, faites un miracle. Faites qu’aussitôt jaillisse, de ce rocher, une source vive et claire. »

Aussitôt, jaillit du rocher la source vive et claire, qui depuis coule et coulera jusqu’au jour du jugement[2].

Alors, Caprais comprit qu’il était marqué pour mourir.

Sans peur ni crainte, il descendit du coteau de l’Ermitage, et s’en alla trouver le chef des juifs et des païens.

En ce moment, le bourreau revenait de son travail avec ses valets.

— « Bonjour, maître. Vous êtes obéi. J’ai fait cuire votre fille à petit feu. Son corps n’est plus qu’un charbon.

— Bourreau, voici cent pistoles. J’ai fait un

  1. Cet Ermitage existe toujours, et fait partie d’un couvent de Carmes, dispersés en vertu des décrets du 29 mars 1880.
  2. Cette source coule toujours à l’Ermitage.