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Fées, ogres, nains

— Madame, vous n’y pensez pas. Il fait un temps superbe, et le blé ne sera mûr que dans huit jours.

— Faites ce que je vous commande. »

Les valets et les métayers obéirent. Ils travaillaient encore, quand le maître rentra de la foire.

— « Femme, que font ces gens-là ?

— Mon ami, ils font ce que je leur ai commandé.

— Femme, le blé coupé n’est pas encore mûr. Il faut que tu sois folle. »

Aussitôt, la femme partit. Le soir même, la tempête et la grêle ruinèrent tout le pays.

Pourtant, la Fée revenait au château tous les matins, à la pointe de l’aube. Elle entrait dans la chambre de ses sept enfants, et les peignait, en pleurant, avec un beau peigne d’or.

— « Pauvres enfants, ne dites jamais à votre père que, chaque matin, à la pointe de l’aube, je viens dans votre chambre, vous peigner avec un beau peigne d’or. Autrement, il arriverait un grand malheur.

— Mère, nous ne le lui dirons pas. »

Mais le père s’étonnait de voir ses fils toujours si bien peignés. Il leur disait chaque matin :

— « Petits, qui donc vous tient si bien peignés ?

— Père, c’est notre servante. »