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LE DIABLE

chatte se méfiait, en faisant semblant de dormir.

Quand minuit fut proche, l’homme se leva doucement, doucement, ouvrit la fenêtre, et regarda dans la campagne. La lune brillait dans son plein. L’homme était si bourrelé de ses pensées, qu’il n’entendit pas sa femme sauter du lit doucement, doucement, et venir regarder derrière lui.

Sur le premier coup de minuit, le Diable arriva, avec force mauvais esprits, chargés de pierres, de briques, de bois, de chaux, de sable, enfin de tout ce qu’il faut pour bâtir une belle maison. Les bons outils ne manquaient pas aux ouvriers. Aussi, la bâtisse montait, montait d’heure en heure.

Et pendant que la bâtisse montait, montait d’heure en heure, l’homme regardait toujours et disait :

— « Ah ! mon Dieu. Je suis damné. Le travail sera fini avant que le coq ne chante. Malheur ! J’ai dit au Diable : « Diable, je suis à toi, si tu me bâtis une belle maison, depuis minuit jusqu’au premier chant du coq. »

Mais la femme ne faisait que rire, et pensait :

— « Pauvre homme, tu n’es guère avisé. Travaille, Diable. Travaillez, mauvais esprits. Si vous comptez vous payer sur l’âme et le corps de mon mari, je sais comment vous faire banqueroute. »