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SORCIERS, SABBAT, SORTILÈGES

troupe, pour savoir comment ils pourraient encore faire le malheur du peuple. Mais ils eurent peur d’être surveillés, et ils nommèrent trois d’entre eux, afin de tenir conseil pour tous les autres.

Les trois curés nommés s’assemblèrent dans un clocher.

— « L’an passé, dit l’un d’eux, nous avons fait périr toutes les récoltes par la grêle. Empoisonnons encore les nuages.

— Non, dit un autre. Les gens s’en prendraient à nous. Faisons tout périr par la pluie.

— Non, dit le troisième. La pluie donnerait des maladies. Nous pourrions en pâtir comme les autres. Faisons tout périr par la brume. »

Alors, les trois curés prirent de l’eau pourrie. Avec un grand goupillon, ils la jetèrent aux quatre vents du ciel. Cette eau pourrit tous les nuages, et les mit en brume. Pendant trois ans le pays demeura sans récoltes.

Voilà les mauvaises œuvres des curés[1]

  1. Écrit sous la dictée de mon oncle, l’abbé Prosper Bladé, curé du Pergain-Taillac (Gers). Mon oncle ajoute que ce récit, fort répandu dans l’Armagnac, la Lomagne, et les pays voisins, avant 1789, fut renouvelé, en 1830, par les bourgeois libéraux, qui voulaient ainsi exciter les paysans contre le clergé. J’ai constaté que cette déclaration est parfaitement exacte.