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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/294

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SUPERSTITIONS

tire au sort à Lectoure. Je ne veux pas aller à la guerre. C’est dit, je me fais déserteur. Pour longtemps, vous avez fini de me voir. Je vais me cacher je ne sais où. Pauvres parents, ne pleurez pas. Si je puis, je vous manderai de mes nouvelles. Adieu, pauvres parents. Bon courage, et bon espoir. Ne pleurez pas. Après la pluie, le soleil. »

Le Déserteur siffla son chien, et partit dans la nuit noire.

Pendant sept ans passés, il mena triste vie, traqué par les gendarmes et les garnisaires. Hiver comme été, le pauvre garçon demeurait caché, tout le long du jour, au plus fourré des grands bois, son fusil chargé sous la main, et ne sommeillant que d’un œil, tandis que le chien faisait bonne garde.

Ce chien était un bon et brave animal, toujours muet comme un poisson, et flairant l’ennemi d’une lieue, pour décamper aussitôt par les bons chemins. La nuit, il marchait à cent pas en avant, quand son maître changeait de pays, quand il quêtait, en passant, sur le seuil des métairies, quelque morceau de pain pour l’amour de Dieu.

Ainsi, pendant sept ans passés, vécut le pauvre Déserteur. Plus d’une fois, de braves gens lui avaient dit :

— « Mon ami. Napoléon est à terre. Le roi