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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/300

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SUPERSTITIONS

souvent qu’au temps passé. Pourtant, je l’ai vu deux fois, et je me souviens de tout.

Un soir, mon pauvre père (Dieu lui pardonne !), avait affaire au Pont-de-Pile.

— « Enfant, me dit-il, tu vas venir avec moi. Peut-être, en passant sous les Rochers de l’Hôpital, verrons-nous l’Homme Vert, qui garde les oiseaux, et qui est le maître de toutes les bêtes volantes. »

Nous partîmes, vers les quatre heures du soir. Le temps était superbe. Sous les Rochers de l’Hôpital, mon pauvre père s’arrêta, et me dit :

— « Regarde. »

Je fis ce que mon pauvre père me commandait, et je vis l’Homme Vert, qui garde les oiseaux, et qui est le maître de toutes les bêtes volantes. Il était assis au sommet d’un vieux rempart. L’Homme Vert ne disait rien. Mais il agitait son bras droit, comme un semeur qui secoue du blé.

— « Bonsoir, Homme Vert, dit mon pauvre père.

— Bonsoir, Homme Vert, dis-je aussi. »

L’Homme Vert nous regarda, du haut du vieux rempart, et répondit :

— « Bonsoir, père Cazaux. Bonsoir, petit Cazaux. »

Nous passâmes. Vingt pas plus loin, je me retournai. L’Homme Vert n’était plus là.