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Êtres malfaisants

laisser les trois quarts à ces voleurs de gens en place, qui lui tenaient la main.

Mon oncle, et ce n’était pas un menteur, m’a conté bien des choses qui lui arrivèrent alors. En voici deux, qu’il vaut la peine de redire.

Dans votre enfance, vous avez dû voir plus d’une fois l’abbé de Ferrabouc, mort curé de Saint-Mézard[1]. Pendant la Révolution, cet abbé se sauva en Espagne, et ce fut mon oncle qui le mena jusqu’à la frontière. Ils voulaient prendre par Saint-Bertrand-de-Comminges[2], pour atteindre la vallée d’Aran[3]. Mais on les avertit que, tout le long de la Montagne, les passages étaient gardés jusqu’au pays de Foix[4]. Mon oncle et l’abbé de Ferrabouc fu-

  1. J’ai connu, en effet, l’abbé de Ferrabouc, durant mon enfance, au presbytère de Saint-Mézard, canton de Lectoure (Gers), où il est mort dans un âge fort avancé. Le vrai nom de ce bon prêtre était Herrebouc, tiré d’une terre de l’ancien comté de Fezensac, dont ses ancêtres étaient seigneurs. Pendant la Révolution, l’abbé de Ferrabouc avait émigré en Espagne, et il résida longtemps à Cordoue. Est-il besoin d’ajouter qu’il ne m’a jamais dit un mot de ce que mon narrateur m’a dicté, du reste, en toute bonne foi ?
  2. Chef-lieu de canton du département de la Haute-Garonne, dans la partie de ce département formée par les Pyrénées centrales.
  3. Vallée espagnole, contiguë à la France. C’est là que la Garonne prend sa source.
  4. La haute vallée de l’Ariège, qui confine à l’Espagne et à l’Andorre, du côté du midi.