Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
CONTES MYSTIQUES

— « Bon ! dit l’Homme de toutes couleurs, les doubles louis d’or seront pour moi, et les quadruples espagnoles pour mon père. »

Il se recoucha sous le chêne, dormit toute la nuit, et repartit au lever du soleil. Après trois heures de marche, il s’arrêta dans une auberge bâtie au bord de la route. Quand il eut mangé la soupe et bu bouteille, il paya la bourgeoise, et lui demanda son chemin.

— « Homme de toutes couleurs, si tu vas tout droit devant toi, dans trois jours tu seras à Paris. Si tu prends à droite, à midi juste, tu entreras dans le Pays de la Faim et de la Soif, et tu iras je ne sais où. »

L’Homme de toutes couleurs prit à droite. À midi juste, il arriva dans le Pays de la Faim et de la Soif. Là, il n’y a ni rivière, ni ruisseau, ni puits, ni fontaine. La terre y est sèche comme le pavé d’un four. Les hommes, les animaux, grands et petits, les herbes et les arbres, tout y meurt, cuit et rôti par le soleil.

Pendant trois jours et trois nuits, l’Homme de toutes couleurs marcha, sans manger ni boire. Alors, il trouva, couché par terre, un mort, qui tenait encore dans sa main droite une barre de fer forgé, du poids de neuf quintaux. L’Homme de toutes couleurs enterra le mort, pria Dieu pour lui, prit la barre de fer forgé du poids de