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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/61

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Fées, ogres, nains

neuf quintaux, et se remit en marche jusqu’au lendemain matin.

Au lever du soleil, il était sorti du Pays de la Faim et de la Soif. Mais il avait devant lui une montagne droite comme un mur, qui montait à plus de cent toises. Au pied de cette montagne, il aperçut une maison, dont les portes et les fenêtres étaient toutes grandes ouvertes. C’était la maison du Corps sans âme, qui était sorti pour aller faire sa ronde.

L’Homme de toutes couleurs entra. Il prit une miche de pain sur la planche, descendit à la cave pour y tirer du vin, et se mit à manger et à boire. Cela fait, il monta au lit, avec la barre de fer forgé, du poids de neuf quintaux, à la portée de sa main, et s’endormit jusqu’à minuit. Alors, il fut réveillé par un grand tapage. C’était le Corps sans âme, qui revenait de faire sa ronde.

— « Ho ! ho ! ho ! Qui donc s’est rendu maître chez moi ? Attends, voleur, attends. Je vais te faire passer le goût du pain. »

Mais l’Homme de toutes couleurs avait déjà sauté à bas du lit, et empoigné la barre de fer forgé du poids de neuf quintaux. Alors, il y eut un grand combat, qui dura trois heures d’horloge. Enfin, le Corps sans âme fut porté par terre, d’un grand coup de barre sur la tête.