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Fées, ogres, nains

vite, si vite, qu’on ne pouvait la suivre de l’œil. Le temps de dire Amen, et elle était arrivée avant toutes les autres bêtes. Alors, le peuple cria :

— « Vive l’Homme de toutes couleurs ! »

Mais la jument blanche comme la neige repartit plus vite que jamais. Une heure après, l’Homme de toutes couleurs était rentré sous terre dans son grand château.

L’Homme de toutes couleurs redevint bien triste. Nuit et jour il songeait à ce que l’aigle lui avait dit. Le dimanche après, l’aigle s’aperçut que son maître pleurait.

— « Homme de toutes couleurs, je sais pourquoi tu pleures, et je voudrais te tirer de peine. Par malheur, les chemins où les trois juments ont passé sont maintenant fermés pour toujours. Il ne reste que le trou par où tu es descendu avec le Nain. Tu vas monter à cheval sur mon dos, et je t’emporterai en volant. Mais ce n’est pas là un petit travail. Pour aller jusqu’au bout, j’aurai besoin d’être bien nourri durant le voyage. Emporte force viande crue, pour me panser en chemin. »

L’Homme de toutes couleurs alla chercher force viande crue, et monta sur le dos de l’aigle qui prit sa volée.

— « Hardi, mon aigle ! »

Et l’aigle volait droit et fort. À tout moment il criait :