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CONTES MYSTIQUES

— « De la viande crue ! De la viande crue ! »

Et l’Homme de toutes couleurs le pansait, en criant toujours :

— « Hardi, mon aigle ! »

Cent toises au-dessous de terre, la pâture vint à manquer.

— « De la viande crue ! De la viande crue ! »

Alors, l’Homme de toutes couleurs tira son couteau, coupa un morceau de sa cuisse, pansa l’aigle, et lui fit boire son sang tout chaud. Cinq minutes après, tous deux arrivaient dans la ville de Babylone.

Il était huit heures du matin. Tout le monde avait ses habits des dimanches. Dans toutes les églises, les cloches sonnaient à grande volée, pour le mariage de la fille du roi.

— « Homme de toutes couleurs, dit le roi de Babylone, tu n’auras ma fille que lorsque tu m’auras rendu ses trois sœurs. »

Alors, l’aigle dit :

— « Attendez-moi là. »

L’aigle prit sa volée, et revint, une heure après, apportant par les cheveux le Nain barbu qui n’avait pas deux empans de haut. Le Nain frappa la terre du talon. Aussitôt parurent les trois juments : l’une blanche comme la neige, l’autre noire comme un corbeau, la troisième rouge comme le sang. Ces trois juments étaient les