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Fées, ogres, nains

trois filles aînées du roi de Babylone, que le Nain avait changées en bêtes, pour les mieux cacher. Sur-le-champ elles reprirent leur première forme.

— « Homme de toutes couleurs, dit le roi de Babylone, je n’ai plus rien à te refuser. »

Alors, le mariage se fit. Jamais on n’a vu, jamais on ne verra le pareil. L’Homme de toutes couleurs envoya chercher son père. Il fit aussi venir ses trois frères, qui avaient assisté le pauvre homme, et chacun d’eux épousa une princesse. À la fin de la noce, qui dura tout un mois, l’aigle dit :

— « Homme de toutes couleurs, voilà longtemps que je te sers. Pourtant, tu ne m’as pas encore payé.

— Aigle, demande ce que tu voudras.

— Homme de toutes couleurs, donne-moi, pour bâtir mon nid, la plus haute tour de Babylone. Donne-moi aussi le Nain barbu, qui n’a pas deux empans de haut.

— Aigle, c’est juste. Prends ce qu’il te faut. »

Alors, l’aigle emporta le Nain barbu, qui n’avait pas deux empans de haut, sur la plus haute tour de Babylone. Là, il lui creva les yeux, et le rongea jusqu’aux os[1].

  1. Durant mon enfance, j’ai entendu réciter intégralement ce conte par une vieille repasseuse, la veuve Benoît, de Lectoure, qui