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LES MORTS

grand ami. Il m’a dit tous ses secrets. Interrogez-moi. Je suis en état de vous répondre sur tout. Oui, Jean de Calais est mort, noyé dans la mer grande. Gardez-moi chez vous. Je serai votre intendant ; mais je ne veux pas de gages. Chaque matin et chaque soir, nous prierons Dieu de mettre en paix l’âme de mon grand ami. »

Ce qui fut dit fut fait. Au bout de quatre ans, l’intendant commandait en maître et seigneur dans la maison. Devant lui, maîtresses et valets tremblaient comme la feuille, et n’osaient pas souffler mot.

Un jour, l’intendant dit à sa maîtresse :

— « Madame, Jean de Calais est mort, et bien mort, noyé dans la mer grande. Il faut nous marier. »

La maîtresse se méfiait, mais elle avait peur de dire non.

— « Intendant, je te demande un an pour y penser.

— Madame, je vous donne un an. »

Au bout d’un an, l’intendant dit à sa maîtresse :

— « Madame, il est temps de nous marier. »

La maîtresse se méfiait ; mais elle avait peur de dire non.

— « Intendant, je te demande encore un an, pour filer mon trousseau, avec ma sœur et mes servantes.