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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/94

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CONTES MYSTIQUES

— Madame, je vous donne encore un an. »

Au bout d’un an, l’intendant dit à sa maîtresse :

— « Madame, il est temps de nous marier. »

La maîtresse se méfiait ; mais elle avait peur de dire non.

— « Intendant, je te demande encore un an, pour coudre mon trousseau, avec ma sœur et mes servantes.

— Madame, je vous donne encore un an, mais pas plus. »

Pendant que ces tristes choses se passaient dans sa maison, Jean de Calais vivait toujours sur son rocher, sur son rocher sans arbres ni verdure, au milieu de la mer grande. Chaque semaine, le grand Oiseau Blanc lui apportait une miche de pain et une jarre de vin.

Un matin, à la pointe de l’aube, le grand Oiseau Blanc parla.

— « Jean de Calais, il se passe chez toi de tristes choses. Aujourd’hui même, ta femme sera forcée d’épouser son intendant, d’épouser le traître qui t’a jeté dans la mer grande. Jean de Calais, promets-moi la moitié de ce que tu aimes le mieux, et dans une heure je te porte sur le seuil de ton château.

— Grand Oiseau Blanc, je te promets la moitié de ce que j’aime le mieux. »

Alors, le grand Oiseau Blanc planta son bec et